DTU 54.1 : les revêtements de sol coulés à base de résine de synthèse (l’essentiel)

DTU 54.1 : les revêtements de sol coulés à base de résine de synthèse (l’essentiel)

Jusqu’à récemment, les systèmes de revêtements de sol coulés à base de résine de synthèse étaient considérés comme non traditionnels. Leur pérennité dans l’ouvrage était évaluée par des avis techniques, des cahiers des charges validés par un bureau de contrôle, voire, pour certains procédés, par des Appréciations techniques d’expérimentation. En janvier 2008, une nouvelle norme est homologuée : la NF DTU 54.1 (indice de classement : P 62-206) intitulée « Revêtements de sol coulés à base de résine de synthèse ». Ainsi un cadre normatif est-il fixé pour certains types de procédés mis en œuvre dans des conditions d’application bien définies.

Les matériaux utilisés pour la réalisation de revêtements de sol à base de résine de synthèse doivent répondre à la norme NF EN 13813. Les systèmes visés sont composés d’un liant à base de résine époxy, de polyuréthane, de méthacrylate ou d’époxy-uréthane. Tout système de revêtement de sol doit faire l’objet d’une fiche système. Datée, référencée à l’en-tête du fabricant, cette fiche mentionne le domaine d’emploi, les conditions d’emploi et de stockage des différents composants du système de revêtement.

La partie 1-2 de la NF DTU 54.1 précise les caractéristiques mécaniques du système selon les sollicitations du local, les exigences relatives aux résistances chimiques et aux taches. Les systèmes bénéficiant d’un avis technique répondent de fait aux exigences imposées par cette partie de la NF DTU.

Reconnaissance préalable du support obligatoire

La reconnaissance du support est à présent obligatoire avant l’application du revêtement de sol. Elle est réalisée de façon contradictoire par l’entreprise de pose, en présence du maître de l’ouvrage, du maître d’œuvre et éventuellement du représentant du lot support, puis formalisée par un rapport dont le modèle figure à l’annexe normative de la NF DTU 54.1. Les essais (taux d’humidité du support, point de rosée, relevé des fissures, cohésion de surface, porosité, planéité et pentes), leur nombre et leur méthode de réalisation sont ainsi imposés par la NF DTU. Déterminer le taux d’humidité du support par simple test avec un humidimètre en surface ne suffit pas. La NF DTU décrit les méthodes possibles : bombe au carbure ou sonde hygrométrique. La mesure est prise au cœur du support.

Supports

Les supports admissibles listés sont les dalles en béton, les dallages armés, les chapes adhérentes, désolidarisées ou flottantes, les planchers avec continuité sur appuis, les sols chauffants et tout autre support bénéficiant d’un avis technique pour l’emploi visé. Les planchers sur vide-sanitaire sont admis uniquement si celui-ci est isolé, ventilé et construit sur un terrain dépourvu de terre végétale. Se référant au classement Upec, la NF DTU 54.1 précise les caractéristiques du support afin qu’il puisse supporter les sollicitations futures du local recevant le revêtement de sol (voir tableau ci-après). La planéité admise est aussi précisée selon la nature du support et le classement du local. En présence de siphons ou de caniveaux, il faut prévoir une pente d’au moins 1 %. Avant d’appliquer le système de revêtement, les dépôts superficiels et la laitance doivent être ôtés du support. Cette préparation mécanique se fait à l’aide de techniques dépendant de sa résistance à la compression.

Cas particulier : revêtement adhérent sur dallage

La mise en œuvre d’un revêtement adhérent sur un dallage nécessite la pose d’un dispositif de protection contre tout risque de remontée d’humidité, afin d’éviter cloques et décollements. Ce dispositif consiste à interposer, entre la résine et le dallage, un procédé sous avis technique qui crée une barrière contre les remontées d’humidité.

La NF DTU 54.1 exclut la pose de revêtements à base de résine de synthèse sur les dallages situés dans des zones inondables.

Mise en œuvre

Il importe de respecter les conditions d’application pour garantir la polymérisation et le durcissement corrects du revêtement. Les points suivants sont notamment à contrôler :

• clos et couvert réalisés ;

• taux de siccité du support conforme aux exigences de la NF DTU ;

• température des locaux comprise entre 5 °C et 30 °C ;

• température de la pièce supérieure de 3 °C au-dessus du point de rosée sur la surface du support ;

• stockage des composants dans les conditions prescrites par le fabricant.

Ces conditions de température sont à maintenir pendant toute l’application et la polymérisation. Elles peuvent être ajustées en fonction du type de produit.

En partie courante, les différentes couches sont appliquées dans l’ordre et selon les quantités définies sur la fiche système du revêtement.

Points singuliers – Ancrage des bords du revêtement

L’ancrage des bords est nécessaire à tous les arrêts du système, aux jonctions de deux revêtements (au seuil des portes, entre support revêtu et non revêtu, etc.) et lors du découpage des surfaces lorsque la superficie est trop grande pour appliquer le revêtement en une seule fois (voir dessin page précédente).

Il est réalisé par une saignée d’au moins 5 mm de large sur 10 mm de profondeur, dans laquelle le revêtement sera placé.

Traitement des fissures du support

Seules les fissures passives et celles dont la largeur est inférieure à 3/10e de mm sont visées par la NF DTU 54.1. Le traitement consiste à ouvrir la fissure sur au moins 10 mm de profondeur et la reboucher avec un micromortier riche en liant à base de résine. Les fissures actives nécessitent d’adopter une méthode de traitement définie par une étude, le revêtement de sol à base de résine n’ayant pas la capacité à ponter les fissures.

Joint de retrait et joint d’arrêt de coulage du support en béton

Avant application de la résine, le joint est ouvert et rempli d’un micromortier riche en liant à base de résine pour renforcer ses bords. Le système de revêtement est ensuite appliqué. Après durcissement, le joint est ouvert à nouveau jusqu’à atteindre le béton ou la chape support. Un mastic adapté est appliqué sur un fond de joint. Sur dallage armé, les joints d’arrêt de coulage sont traités comme des joints de dilatation.

Joint de dilatation, de mouvement ou de pourtour

Leur traitement nécessite que le maître de l’ouvrage précise les types de joints concernés et les contraintes mécaniques, de dilatation et d’étanchéité auxquelles ils sont soumis. On peut ensuite prévoir la solution de traitement la mieux adaptée. Un profilé métallique doit renforcer les bords de ces joints afin qu’ils résistent au roulement.

Caniveaux, avaloirs et regards

Le pourtour du caniveau comporte une saignée d’au moins 10 mm de large, que remplira le revêtement lui-même. En cas de variations importantes de température, la saignée est remplie par un joint sur fond de joint. La largeur de ce joint dépend de la longueur des caniveaux, des variations extrêmes de température, de la capacité du mastic à absorber les mouvements de dilatation et à résister au trafic.

Entretien

La fiche système indique les modalités de mise en service du revêtement, le délai et les conditions du premier nettoyage. Une fiche d’entretien donne les consignes pour assurer la sécurité et l’hygiène du sol.

Applications non visées

Les systèmes de revêtements de sol :

• devant assurer une étanchéité,

• des cuisines collectives,

• sportifs,

• homogènes poncés,

• acoustiques,

• à propriétés électriques.

Les peintures au sol pouvant atteindre 1 mm d’épaisseur.

Tableau : Cinq caractéristiques des supports selon le classement Upec du local.